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Page 61 - golf club castelfortain

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Page 61

Le deuxième épisode de notre série d’articles consacrée aux « pourquoi » du jeu de golf traite cette fois des dimensions du trou. Comme pour les 18 trous qui composent un parcours, cette petite lecture rapide vous permettrait d’en savoir plus sur un détail qui a évidemment une très grande importance au moment où il faut en finir avec ce maudit trou…

Mais oui bon sang, pourquoi le trou de golf fait-il exactement 108 millimètres (4,25 pouces) ? Ou plutôt seulement 108 mm ? Si vous êtes un pratiquant et a fortiori un compétiteur, vous vous êtes sûrement demandé un jour : « Pourquoi ce petit cercle n’est-il pas un peu plus grand ? »

Lire aussi : «
Pourquoi les parcours de golf comportent-ils 18 trous ? »

Il n’y a pourtant aucun vice caché là-dedans, aucune décision prise par un sadique du Royal & Ancient. Cette taille est le résultat d’une décision historique et pratique et aussi, un tout petit peu scientifique.

Il faut d’abord resituer le contexte historique. Les premiers parcours de golf étaient des installations rudimentaires, avec très peu d’uniformité, et le nombre de trous de chaque parcours dépendait de la topographie, les trous étant aménagés là où il y avait une zone de terrain plat appropriée dans les links. Il n’y avait pas non plus les zones de départ spécialement construites comme sur les parcours modernes. A la place, les golfeurs pionniers jouaient à partir d’un point situé à une longueur de club du trou précédent. Le trou lui-même était creusé à la main par les ancêtres de ce que nous considérons aujourd’hui comme des greenkeepers, mais qui étaient appelés « hole cutters » (creuseurs de trous).

Les ancêtres « hole cutters »
Le creusement du trou se faisait avec une truelle. Ainsi, la taille d’un trou pouvait varier non seulement d’un parcours à l’autre, mais aussi au sein d’un même parcours. Elle pouvait également augmenter au cours de la journée. Les joueurs qui mettaient leurs mains dans le trou pour en retirer du sable provoquaient invariablement des dommages et un agrandissement du trou pendant la partie.

Pour éviter cela, des coupelles pour garnir les trous ont été introduites. La première référence connue sur cette évolution date de 1825 à Montrose. L’utilisation de « hole cutters » et de coupelles pour trous a permis d’uniformiser la taille des trous sur un même parcours. Cependant, chaque parcours déterminait la taille de ses propres trous.

Le Royal Musselburgh (situé en Écosse évidemment) est le premier parcours à avoir utilisé un « hole cutters » qui formait des trous de 4,25 pouces, en 1829. Il s’agirait d’un ancien morceau de tuyau d’évacuation dont le diamètre était, totalement par hasard, de 108 millimètres donc (l’objet en question est toujours exposé dans le musée du golf).

Un espace suffisant
C’est la pratique du jeu qui a ensuite décidé que cette taille était la plus adéquate : selon les experts de l’époque, le trou choisi par le Royal Musselburgh laissait un espace suffisant pour que la balle (d’un diamètre de 42,67 mm) tombe facilement sans que le jeu devienne trop facile. Cette dimension du trou a été adoptée officiellement en 1891 par le Royal & Ancient Golf Club et est devenue la norme mondiale.

En résumé, si le trou de golf mesure 108 mm, ce n’est ni par décret divin ni par un véritable calcul mathématique, mais parce qu’un jour, en Écosse, un tuyau faisait exactement cette taille.

Depuis près de deux siècles, les golfeurs du monde entier visent donc exactement le même cercle, sans toujours savoir qu’ils rendent hommage à un vieux morceau de tuyauterie. Alors la prochaine fois qu’un de vos putts lèchera le bord sans tomber, inutile d’accuser la malchance : blâmez plutôt les hasards de l’histoire.
On poursuit notre série des questions autour de l’histoire du golf, de ses traditions, de ses termes et de ses règles avec un troisième opus. Pourquoi les trous de golf sont des par 3, 4 ou 5 ? Une petite lecture vous permettra d’en savoir plus et peut-être de briller au club-house auprès de vos amis qui se poseront cette question existentielle pour un golfeur.


Si vous avez déjà arpenté un parcours de golf en vous demandant pourquoi vous devez défier uniquement des trous estampillés par 3, par 4 et par 5, rassurez-vous : ce n’est pas parce que les Écossais ont secrètement divisé le monde en trois catégories, ou parce qu’il existe une loi physique interdisant les par 6. Non, c’est simplement le fruit d’une longue histoire, un peu foutraque, parfois improvisée, mais finalement logique.

Lire aussi :
«
Pourquoi les parcours de golf comportent-ils 18 trous ? »
« Pourquoi le trou de golf fait 108mm de diamètre ? »

Remontons en Écosse, au XVIIIᵉ siècle, époque où les golfeurs portent des culottes bouffants et jouent avec des balles en plumes de duvet. À cette époque, la notion de par n’existait pas : chaque trou possède seulement une distance et une topographie plus ou moins capricieuse. Le score ? On additionne les coups et le but est évidemment d’en frapper le moins possible pour finir le trou. Point final.

Un trou pouvait aussi bien faire 100 mètres que 600 mètres. L’important, c’était de le terminer avant la tombée de la nuit…

L’apparition du “bogey score”
Vers la fin du XIXᵉ siècle, les clubs britanniques commencent à classifier leurs trous avec un indice de performance : le bogey score. Le terme vient d’un personnage imaginaire, le Bogey Man. Le Bogey Man (ou Bogle, ou Bogey) est une créature inventée pour faire peur aux enfants, l’équivalent anglais du croque-mitaine. Lors d’une partie célèbre au Great Yarmouth & Caister Golf Club (Angleterre), en 1890, un officier aurait dit en plaisantant :
We are playing against the Bogey Man today!
Aujourd’hui, nous jouons contre le Bogey Man !
Parce qu’il fallait un adversaire imaginaire contre lequel mesurer son score, on a donc utilisé ce personnage fictif, insaisissable… exactement comme dans la chanson.
Mais ce bogey score, donc, n’est pas encore le par : il représente le score « idéal » d’un bon joueur amateur, pas celui d’un joueur expert.
Les golfeurs professionnels ayant un ego proportionnel à la longueur de leurs drives, ils ne pouvaient décemment pas accepter la même référence que les amateurs. Le terme par s’impose donc un peu plus tard : c’est désormais le nombre théorique de coups pour un joueur d’élite.
Et pour que tout soit simple (et comparable entre parcours), les architectes classent les trous selon le nombre de coups nécessaires pour atteindre le green :
  • Par 3 → green atteignable en un coup
  • Par 4 → green atteignable en deux coups
  • Par 5 → green atteignable en trois coups
Ce modèle s’appuie aussi sur les distances réellement jouables avec le matériel de l’époque : des clubs en bois, des fers lourds, et des balles à l’aérodynamisme douteux. Atteindre un par 5 en deux coups était alors hautement improbable, même avec les muscles d’un Bryson DeChambeau.
Le mot par en lui-même n’a rien de mystérieux : il vient tout droit du vocabulaire boursier anglais du XIXᵉ siècle. Dans les journaux financiers de l’époque, « par value » désignait la valeur nominale, la valeur « idéale », « équilibrée » d’une action. Les golfeurs ont naturellement emprunté le terme pour désigner le score théorique parfait.

Un terme venu de la finance
Le premier usage documenté du terme dans un contexte golfique remonte à 1870, lorsque le journaliste et golfeur A. H. Doleman l’emploie pour évoquer ce que Young Tom Morris aurait dû théoriquement scorer lors du British Open s’il jouait « à valeur nominale ».

Il faut attendre 1911, lorsque l’United States Golf Association (USGA) publie ses premières lignes directrices fixant :
  • des distances de référence pour déterminer le par d’un trou,
  • et la notion qu’un golfeur idéal doit atteindre le green en 1, 2 ou 3 coups avant de putter.
C’est à ce moment que le “par” devient une mesure universelle, distincte du bogey score, déjà répandu en Grande-Bretagne.

Il reste une dernière question à élucider. En un siècle, les clubs ont pourtant évolué, les balles ont muté, les drives se sont allongés… Mais la structure du comptage des trous a résisté au progrès.

Pourquoi ?

Parce qu’elle procure un équilibre idéal entre stratégie, rythme de jeu et diversité architecturale. Rajoutez des pars 6, et les joueurs joueront des parties plus longues.

La structure des par 3 / par 4 / par 5 n’est donc ni une règle mystique, ni une décision scientifique. C’est le résultat d’une évolution pragmatique, façonnée par :
  • les distances jouables des clubs d’autrefois,
  • la volonté de comparer les performances des joueurs,
  • et l’idée qu’un bon parcours doit proposer un mélange de trous courts, moyens et longs.
Parmi les nombreuses règles qui régissent le jeu de golf, il y en a une très simple. La règle 4.1b stipule que le joueur ne doit pas avoir plus de 14 clubs dans son sac. De quand date cette obligation et pourquoi a-t-elle été instituée ?
Que dit exactement la règle ?
La règle 4.1b a pour objet de limiter à 14 le nombre de clubs dans son sac, putter compris. Le joueur peut en avoir moins et en rajouter pendant le tour.
Par ailleurs, le joueur ne peut partager un club avec un partenaire ni remplacer un club endommagé sauf s’il n’a pas été à l’origine des dommages.
Quelle pénalité encourue ?
L’infraction à la règle 4.1b entraîne une pénalité. Celle-ci dépend du moment où le joueur s’aperçoit de sa faute. Il encourt alors deux coups de pénalité par trou avec un maximum de quatre coups (donc sur deux trous). En match-play, la pénalité est la déduction d’un trou dans le score avec un maximum de deux trous.
La généralisation des fers en acier
Pendant des décennies, les golfeurs avaient pour seule arme des clubs en bois sans que leur nombre ne soit limité. Tout commence lorsque que les clubs en acier furent autorisés en 1929. La plupart des champions ont hésité à changer leur équipement. Dans le doute, il n’était pas rare de voir leurs caddies porter un savant mélange de clubs en hickory et en acier voire même deux sacs à la fois !
Lawson Little aimait avoir le choix
Parmi les champions les plus emblématiques de cette dérive, l’Américain Lawson Little ne s’inquiétait guère de l’état du dos de son caddie. Le double vainqueur des US et British Amateur 1934 et 1935 avait l’habitude de disposer jusqu’à 31 clubs dont 7 wedges et un club de gaucher ! Or un sondage réalisé lors de l’US Open 1935 montrait que la moyenne des clubs utilisés par les joueurs était de 18. Pour l’anecdote, Francis Ouimet a remporté l’US Open 1913 avec 7 clubs…
Le R&A et l’USGA déjà inquiets de l’évolution du jeu
Pour les instances britanniques et américaines, « enough is enough ». Le matériel ayant évolué trop vite à leurs yeux, elles commencent à réfléchir sur la limitation du nombre de clubs. Comme… Jimenez aujourd’hui, le R&A et l’USGA considèrent que le maniement de la balle est en péril et que le golf risque de ne plus être un jeu d’adresse. Autre considération, sociale celle-ci : les riches seraient avantagés par rapport aux classes les plus pauvres pour l’achat de matériel.
Une règle instituée en 1938
Ainsi, la règle des 14 clubs est discutée dès 1936. L’USGA officialise sa décision en 1938, suivie un an après par le R&A. Pourquoi 14 alors ? Aucune explication n’est fournie, mais les séries les plus vendues à l’époque étaient souvent composées de 4 bois, 9 fers et un putter.
Une autre théorie est avancée sans preuves et pour cause : il s’agit de l’influence du plus grand champion de l’époque : le retraité Bobby Jones.
L’influence de Bobby Jones et Tony Torrance
Lors de la Walker Cup 1936, la légende américaine Bobby Jones est sidérée de voir certains évoluer avec une trentaine de clubs. Il s’en émeut auprès de son ami écossais Tony Torrance, plusieurs fois vainqueur de l’épreuve. En comparant leurs équipements (16 clubs pour Jones et 12 pour Torrance), très influents auprès de leurs instances respectives, ils seraient tombés d’accord sur une moyenne de 14.

Le quatrième épisode de notre série d’articles consacrés à l’histoire du golf et à ses traditions pose cette question : mais pourquoi bon sang y a-t-il tous ces noms d’oiseaux dans le vocabulaire du golf  ? Les termes birdies, les eagles et les albatros ont une explication historique née non pas d’une passion pour l’ornithologie de la part des ancêtres du golf, mais plutôt d’une petite phrase lancée par un amateur américain très content de son… coup.


Dans la plupart des sports, on marque des points. Au golf, on vole des coups si l’on peut dire. Depuis plus d’un siècle, les golfeurs parlent de birdies, d’eagles et même d’albatros pour décrire leur performance comptable favorable sur un trou (pour les bogeys, on a déjà tout expliqué ici). Pourquoi ces noms ? Qui donc a eu l’idée saugrenue (ou géniale, c’est selon) de confier le système de score à un ornithologue amateur ?
Tout commence au début du XXᵉ siècle, à Atlantic City, aux États-Unis. Un joueur amateur, Ab Smith, en pleine partie, joue le trou un coup en-dessous du par (le par, donc, déjà installé dans le lexique golfique, voir l’épisode précédent). Le joueur s’exclame alors, avec modestie : « That was a little bird of a shot. » Traduction approximative : « C’était un coup de petit oiseau » (ou plus proche de ce qu’il a voulu exprimer : « C’était juste un joli petit coup »).
Lire aussi :
«
Pourquoi les parcours de golf comportent-ils 18 trous ? »
« Pourquoi le trou de golf fait 108mm de diamètre ? »
« Pourquoi parle-t-on de par 3, 4 ou 5 ? »

Voilà comment le birdie est né. Depuis, pour tout golfeur du monde entier, jouer un coup sous le par, c’est comme entendre un rossignol chanter sur le fairway : c’est un moment délicat, agréable et légèrement enjôleur. Cela évoque aussi légèreté et le plaisir discret. Un birdie donc.
That was a little bird of a shot
La passion des golfeurs pour les volatiles était donc lancée. Bientôt, il a fallu se pencher sur l’appellation pour deux coups joués sous le par. Place à l’eagle donc, l’aigle. Historiquement, le terme est apparu aux États-Unis dans les années 1920. Contrairement au birdie et Ab Smith, il s’agit là d’une invention lexicale collective pour désigner un score plus rare et plus prestigieux que le birdie. L’idée est simple : si le birdie est un petit oiseau, l’eagle est un rapace puissant et majestueux.

Et puisque ce sont les Britanniques (et les Écossais en particulier), c’est à eux qu’est revenu le dernier mot pour baptiser le score de -3 sous le par sur un trou. C’est dans les années 1930 au Royaume-Uni que l’on a utilisé pour la première fois le terme d’albatros (aux USA, on préfère encore aujourd’hui le terme de « double eagle »). Là encore, il s’agit d’une création collégiale, qui émane des autres « piafs » du jargon golfique.

L’albatros a été choisi pour traduire la rareté et la grandeur du coup : c’est un oiseau célèbre à travers la littérature notamment, capable de traverser des océans.

Le mythe du condor
La hiérarchie naturelle entre les oiseaux a donc rendu le vocabulaire du golf intuitif. Il paraît même que si vous parvenez un jour à scorer -4 sur un trou (la seule possibilité est donc de rentrer directement son coup de départ sur un par 5, ce qui est a priori impossible – a priori mais pas sûr), l’exploit aura pour nom celui d’un oiseau mythique : le condor.

Tout ça évidemment claque un peu plus, effectivement, que canard, corneille ou pigeon…
Avec ce vocabulaire animalier, le golf nous rappelle que même dans un sport où l’on calcule chaque coup, il y a de la place pour un peu de poésie, un peu de référence à la nature qui nous entoure sur un parcours, y compris sur cette maudite carte de score. Et puis quand sur certains trous, vous êtes loin du compte d’un nom d’oiseau, vous pouvez toujours prendre ça avec le sourire en vous disant que vous y avez juste laissé quelques plumes…
Cinquième épisode de notre série d’articles sur les « Pourquoi » du golf et de ses traditions et autres règles : on s’interroge ici sur les origines de ce que l’on appelle « avoir l’honneur ». Elle est héritée de la culture sociale et de l’étiquette qui entourait le golf à ses débuts, en Écosse puis au Royaume-Uni.


D’abord, un rappel de la règle. Au golf, « avoir l’honneur » — désigne le fait de jouer le premier coup de départ sur un trou dans une partie à plusieurs. Dans les Règles officielles du golf, « l’honneur » est défini très simplement comme « le droit d’un joueur de jouer en premier depuis la zone de départ. »
Les honneurs sont abordés dans la Règle 6, intitulée « Jouer un trou », et plus précisément dans la Règle 6.4, intitulée « Ordre de jeu lors du jeu d’un trou. »
Cette règle commence en indiquant que « l’ordre de jeu depuis la zone de départ dépend de celui qui a l’honneur. »

Lire aussi :
«
Pourquoi les parcours de golf comportent-ils 18 trous ? »
« Pourquoi le trou de golf fait 108mm de diamètre ? »
« Pourquoi parle-t-on de par 3, par, par 5 ? »
« Pourquoi parle-t-on de birdies, d’eagles et d’albatros ? »

Une règle essentielle en Match Play
En Match Play, c’est une règle essentielle évidemment. Elle se définit comme suit :
  • Au premier trou, l’honneur est déterminé par l’ordre du tirage des départs fait par le Comité ou, s’il n’y en a pas, par entente ou par tirage au sort (par ex. en tirant à pile ou face).
  • Au départ de tous les autres trous.
    • Le joueur qui gagne un trou a l’honneur à la zone de départ suivante.
    • Si le trou est partagé, le joueur qui avait l’honneur à la zone de départ précédente le garde.

En Stroke Play, la règle est moins essentielle et peut ne pas être appliquée à la lettre, mais elle mérite d’être connue :
  • Au départ du premier trou. L’honneur à la première zone de départ est déterminé par l’ordre du tirage des départs fait par le Comité ou, s’il n’y en a pas, par entente ou par tirage au sort (par ex. en tirant à pile ou face).
  • Au départ de tous les autres trous.
    • Le joueur du groupe avec le score brut le plus bas sur un trou a l’honneur à la zone de départ suivante ; le joueur avec le deuxième score brut le plus bas devrait jouer ensuite, etc.
    • Si deux ou plusieurs joueurs ont le même score sur un trou, ils devraient jouer dans le même ordre qu’à la zone de départ précédente.
    • L’honneur est déterminé par les scores en brut, même dans une compétition en net.
On passera ici sur tous les détails et les possibles pénalités que vous encourez en contournant cette règle. Ce qui nous intéresse surtout ici, c’est comment cette règle a vu le jour et pourquoi.

Une marque de respect dans l’aristocratie d’alors
Au XVIIIᵉ et XIXᵉ siècle, le golf est pratiqué principalement par des membres de clubs privés, souvent aristocrates ou bourgeois. À cette époque, le mot « honour » désigne naturellement un privilège, un geste de respect ou une reconnaissance sociale.
Dans de nombreuses activités – du tir au pistolet à l’organisation de banquets – l’expression to have the honour signifiait simplement, soit être invité à commencer, soit être placé en premier.
Le golf, très attaché à la tradition, a donc utilisé ce vocabulaire.
Lorsque les premières règles formelles du R&A sont rédigées (1744 pour Leith, puis codifications plus larges au XIXᵉ siècle), l’ordre de jeu devient un sujet important. Le vocabulaire déjà utilisé par les joueurs et les clubs est alors conservé :
  • Celui qui a gagné le trou précédent a l’honneur.
  • Au premier trou d’une partie, l’honneur est attribué par tirage au sort.
Parce que le golf est un sport profondément lié à la tradition, l’étiquette et le respect entre joueurs,  « Avoir l’honneur » incarne cette philosophie : commencer un trou ne donne pas d’avantage énorme, mais il marque un respect symbolique pour la performance du joueur. Cette règle pourrait paraître un soupçon désuète en certaines circonstances, mais elle est parfois aussi essentielle dans la stratégie de jeu face à un adversaire.

Et rassurez-vous, en partie amicale, le « ready golf » est applicable y compris sur les tees de départ…
On poursuit notre série des questions autour de l’histoire du golf, de ses traditions, de ses termes et de ses règles avec un troisième opus. Pourquoi les trous de golf sont des par 3, 4 ou 5 ? Une petite lecture vous permettra d’en savoir plus et peut-être de briller au club-house auprès de vos amis qui se poseront cette question existentielle pour un golfeur.


Si vous avez déjà arpenté un parcours de golf en vous demandant pourquoi vous devez défier uniquement des trous estampillés par 3, par 4 et par 5, rassurez-vous : ce n’est pas parce que les Écossais ont secrètement divisé le monde en trois catégories, ou parce qu’il existe une loi physique interdisant les par 6. Non, c’est simplement le fruit d’une longue histoire, un peu foutraque, parfois improvisée, mais finalement logique.

Remontons en Écosse, au XVIIIᵉ siècle, époque où les golfeurs portent des culottes bouffants et jouent avec des balles en plumes de duvet. À cette époque, la notion de par n’existait pas : chaque trou possède seulement une distance et une topographie plus ou moins capricieuse. Le score ? On additionne les coups et le but est évidemment d’en frapper le moins possible pour finir le trou. Point final.
Un trou pouvait aussi bien faire 100 mètres que 600 mètres. L’important, c’était de le terminer avant la tombée de la nuit…
L’apparition du “bogey score”
Vers la fin du XIXᵉ siècle, les clubs britanniques commencent à classifier leurs trous avec un indice de performance : le bogey score. Le terme vient d’un personnage imaginaire, le Bogey Man. Le Bogey Man (ou Bogle, ou Bogey) est une créature inventée pour faire peur aux enfants, l’équivalent anglais du croque-mitaine. Lors d’une partie célèbre au Great Yarmouth & Caister Golf Club (Angleterre), en 1890, un officier aurait dit en plaisantant :
We are playing against the Bogey Man today!
Aujourd’hui, nous jouons contre le Bogey Man !
Parce qu’il fallait un adversaire imaginaire contre lequel mesurer son score, on a donc utilisé ce personnage fictif, insaisissable… exactement comme dans la chanson.
Mais ce bogey score, donc, n’est pas encore le par : il représente le score « idéal » d’un bon joueur amateur, pas celui d’un joueur expert.
Les golfeurs professionnels ayant un ego proportionnel à la longueur de leurs drives, ils ne pouvaient décemment pas accepter la même référence que les amateurs. Le terme par s’impose donc un peu plus tard : c’est désormais le nombre théorique de coups pour un joueur d’élite.
Et pour que tout soit simple (et comparable entre parcours), les architectes classent les trous selon le nombre de coups nécessaires pour atteindre le green :
  • Par 3 → green atteignable en un coup
  • Par 4 → green atteignable en deux coups
  • Par 5 → green atteignable en trois coups
Ce modèle s’appuie aussi sur les distances réellement jouables avec le matériel de l’époque : des clubs en bois, des fers lourds, et des balles à l’aérodynamisme douteux. Atteindre un par 5 en deux coups était alors hautement improbable, même avec les muscles d’un Bryson DeChambeau.
Le mot par en lui-même n’a rien de mystérieux : il vient tout droit du vocabulaire boursier anglais du XIXᵉ siècle. Dans les journaux financiers de l’époque, « par value » désignait la valeur nominale, la valeur « idéale », « équilibrée » d’une action. Les golfeurs ont naturellement emprunté le terme pour désigner le score théorique parfait.

Un terme venu de la finance
Le premier usage documenté du terme dans un contexte golfique remonte à 1870, lorsque le journaliste et golfeur A. H. Doleman l’emploie pour évoquer ce que Young Tom Morris aurait dû théoriquement scorer lors du British Open s’il jouait « à valeur nominale ».

Il faut attendre 1911, lorsque l’United States Golf Association (USGA) publie ses premières lignes directrices fixant :
  • des distances de référence pour déterminer le par d’un trou,
  • et la notion qu’un golfeur idéal doit atteindre le green en 1, 2 ou 3 coups avant de putter.
C’est à ce moment que le “par” devient une mesure universelle, distincte du bogey score, déjà répandu en Grande-Bretagne.

Il reste une dernière question à élucider. En un siècle, les clubs ont pourtant évolué, les balles ont muté, les drives se sont allongés… Mais la structure du comptage des trous a résisté au progrès.

Pourquoi ?

Parce qu’elle procure un équilibre idéal entre stratégie, rythme de jeu et diversité architecturale. Rajoutez des pars 6, et les joueurs joueront des parties plus longues.

La structure des par 3 / par 4 / par 5 n’est donc ni une règle mystique, ni une décision scientifique. C’est le résultat d’une évolution pragmatique, façonnée par :
  • les distances jouables des clubs d’autrefois,
  • la volonté de comparer les performances des joueurs,
  • et l’idée qu’un bon parcours doit proposer un mélange de trous courts, moyens et longs.
Le septième épisode de notre série sur les « Pourquoi » du golf  va nous permettre de parler chiffon. Et de s’interroger sur les origines des codes vestimentaires de ce sport qui, malgré de nombreuses évolutions dans ce domaine, reste encore très codifié quand il s’agit de se faire un look.

Sur un parcours de golf, la tenue vestimentaire ne passe jamais inaperçue. Polo à col, pantalon chic ou ceinture tressée, chaussures spécifiques : le golfeur semble obéir à un code précis. Mais d’où vient cette rigidité vestimentaire, et pourquoi un simple jean peut-il encore susciter des regards réprobateurs ?

Lire aussi :
«
Pourquoi les parcours de golf comportent-ils 18 trous ? »
« Pourquoi le trou de golf fait 108mm de diamètre ? »
« Pourquoi parle-t-on de par 3, 4 ou 5 ? »
« Pourquoi parle-t-on de birdies, d’eagles et d’albatros ? »
« Pourquoi a-t-on parfois ‘l’honneur’ au départ des trous ? »
La première explication est historique. Le golf s’est développé comme un sport pratiqué par les élites britanniques à partir du XVIIIᵉ et du XIXᵉ siècle. À cette époque, le vêtement est un marqueur social fondamental. On ne s’habille pas de la même manière selon que l’on travaille, que l’on se promène ou que l’on pratique un loisir.
Le golf, perçu comme un jeu de gentlemen, adopte naturellement une tenue associée à la respectabilité : pantalon droit, chemise à col, parfois veste ou pull. Cette tradition s’est transmise presque intacte, bien après la disparition du contexte social qui l’a vue naître.

Dis moi quel pantalon tu portes, je te dirais quel golfeur tu es
Le golf n’est pas seulement un sport technique, c’est aussi une culture. L’étiquette y occupe une place centrale : il faut faire silence pendant le swing, il faut faire preuve d’honnêteté dans le comptage des coups (et dans l’application des règles), il faut montrer du respect envers le terrain et les autres joueurs.
La tenue vestimentaire s’inscrit dans cette logique. Porter une tenue « correcte » est perçu comme une façon de montrer son respect, envers les lieux, les autres, et tout simplement envers l’histoire du golf.
Les codes vestimentaires contribuent à l’identité du golf. En entrant sur un parcours, on doit reconnaître immédiatement l’univers dans lequel on se trouve. Cette cohérence visuelle rassure certains pratiquants et perpétue une tradition valorisée.
Le rejet du jean notamment n’est pas qu’une question d’esthétique, même si celle-ci joue un rôle important. Le jean est historiquement associé au monde du travail manuel, puis à la culture populaire et à la contestation des normes établies.
Dans l’imaginaire collectif des clubs de golf, il symbolise donc une forme de désinvolture.
Depuis plusieurs années, les mentalités évoluent. Les marques proposent des vêtements plus modernes et plus performants, inspirés du sportwear. Certains parcours assouplissent leurs règles, acceptant par exemple des bermudas plus courts ou des tenues plus colorées. Il est désormais rare de voir un champion s’habiller comme au siècle dernier avec un pantalon ample, une casquette plate ou les pulls en cachemire col en V façon Arnold Palmer. Cette image était incarnée à l’extrême par l’ancien double vainqueur de l’U.S. Open, Payne Stewart, qui aimait porter dans les années 90 des chaussettes hautes écossaises avec des knickerbockers (pantalons bouffants s’arrêtant sous le genou).

Les femmes ont dû se battre
Le golfeur d’aujourd’hui s’habille autrement.

Les pantalons sont plus moulants. Ce qui limite les frottements pendant le swing. Le polo de golf a lui aussi profondément changé. Autrefois épais, parfois rigide, il est désormais plus léger, plus respirant. Il est devenu un vêtement de performance, pensé pour évacuer la transpiration et accompagner l’effort.
Au fil du temps, les femmes ont sans doute davantage évolué dans leur tenue sur les fairways, mais pour une bonne raison. Leur tenue de la fin du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle étaient contraintes et absolument pas pensées pour le sport. Elles portaient des robes longues, des corsets, parfois même des chapeaux volumineux.

Entre les années 1920 et 1950, les tenues ont commencé timidement à évoluer avec des robes raccourcies et des tissus plus légers. L’arrivée du pantalon au début des années 80 a été un tournant symbolique. Avec la médiatisation du sport féminin, la tenue des golfeuses est devenue un outil d’image. Les jupettes sont aussi apparues pour marquer une différence visuelle nette avec les hommes.

Une évolution, mais des lignes rouges restent
Mais le port du jean reste souvent la ligne rouge. Il incarne tout ce que le golf a longtemps cherché à distinguer de lui-même : la banalité, l’absence de rituel, la rupture avec la tradition. En regardant certains joueurs du LIV Golf évoluer en bermuda, le passionné de golf et de ses traditions peut aussi ressentir comme une certaine gêne. Longtemps toléré uniquement chez les amateurs ou dans des contextes estivaux très précis, le port du bermuda entraîne une perte de la solennité du jeu (sauf peut-être dans le golf féminin).

Demandez aux pros de France et de Navarre ce qu’ils en pensent : souvent, l’élégance fait aussi partie de leurs devoirs (qu’il soit joueur sur les circuits professionnels ou enseignants) et le bermuda rompt brutalement ce « récit », notamment chez les hommes.
Alors oui, on peut sourire ou râler (c’est selon) devant l’interdiction du jean ou l’obsession du col bien en place. Mais ces détails ont une vertu rare dans le sport moderne : ils nous obligent à nous habiller différemment, à comprendre que le golf n’est pas tout à fait un sport comme les autres. C’est peut-être même pour cela qu’on l’aime.
Le huitième épisode de notre série sur les « Pourquoi du golf » se penche sur ses innombrables formats de jeu et de comptage des coups. Stroke play ? Match play ? Brut ? Net ? Stableford ? Scramble ? Greensome ? Foursomes ? Il y en a pour tous les goûts. Mais au fait, pourquoi cette pléthore de formules diverses et variées ?

Le golf a développé autant de formats de jeu pour s’adapter à des objectifs, des contextes et des profils de joueurs très variés. La principale raison de cette multitude de formats de jeu, de formules de décompte des points pour départager les joueurs, est d’abord historique. Le golf existe depuis plusieurs siècles. Au fil du temps, différentes cultures et clubs ont créé leurs propres façons de jouer, qui sont restées parce qu’elles fonctionnaient bien ou rendaient le jeu plus intéressant.

Lire aussi :
«
Pourquoi les parcours de golf comportent-ils 18 trous ? »
« Pourquoi le trou de golf fait 108mm de diamètre ? »
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« Pourquoi parle-t-on de birdies, d’eagles et d’albatros ? »
« Pourquoi a-t-on parfois ‘l’honneur’ au départ des trous ? »
« Pourquoi certains clubs de golf sont si exclusifs ? »
« Pourquoi les tenues des golfeurs sont-elles si codifiées ? »

Plus vite, plus drôle, plus « sympa »
Il y a aussi une dimension sociale. Les formats en équipe permettent de mélanger les joueurs, de renforcer l’esprit de club, d’organiser des événements accessibles et détendus. Ces formules de comptage permettent aussi de s’adapter à tous les niveaux. Ainsi, si l’on prend les trois les plus usités, elles ont chacune leurs avantages.
  • Stroke play : il mesure la performance pure, idéal pour les compétitions officielles et le haut niveau.
  • Match play : plus ludique et stratégique, il est souvent préféré entre amis, et plus spectaculaire et indécis au très haut niveau.
  • Stableford : il réduit la frustration des débutants ou des joueurs moyens en atténuant les « trous catastrophes ».
Pêle-mêle, on pourrait citer parmi les autres avantages de cette variété de formats, le renouvellement d’expérience et la mise en valeur de différentes qualité chez le joueur (mental en Match Play, patience en Stroke Play…), l’adaptation au temps et la vitesse de jeu (Shotgun) ou encore le mélange des niveaux de joueurs.
Il est temps maintenant de vous proposer un petit glossaire du golf sur les formats de décompte, les formats en équipes, les formats de départ et les formats spéciaux. On ne promet pas d’être exhaustif…

Formats de décompte
Brut
  • Score réel, sans tenir compte du handicap.
  • Forme originelle du golf de compétition, utilisée dès les premiers tournois écossais.
Net
  • Score brut corrigé avec le handicap du joueur.
  • Apparu avec la démocratisation du golf pour permettre à des joueurs de niveaux différents de rivaliser.
Stroke Play
  • Total des coups joués sur l’ensemble du parcours.
  • Devenu dominant au XIXᵉ siècle, c’est aujourd’hui le format standard des grands tournois professionnels.
Medal Play
  • Autre nom du Stroke Play, surtout utilisé en Europe.
  • Terme ancien issu des compétitions où une médaille récompensait le vainqueur.
Match Play
  • Chaque trou est gagné, perdu ou partagé ; on compte les trous, pas les coups.
  • Le plus ancien format connu, utilisé dès les origines du golf en Écosse.
Stableford
  • Système de points par trou (par, birdie, bogey, etc.)
  • Inventé en 1931 par le Dr Frank Stableford pour accélérer le jeu et réduire la frustration (au golf de Wallasey, près de Liverpool).
Formats de jeu en équipes
Foursome
  • Deux joueurs jouent une seule balle en alternant les coups.
  • Apparu au XIXᵉ siècle au Royaume-Uni, symbole de discipline et de stratégie.
Quatre balles (Four Balls)
  • Deux joueurs par équipe, chacun joue sa balle, le meilleur score compte.
  • Popularisé dans les compétitions internationales (Ryder Cup, Presidents Cup).
Greensome
  • Deux joueurs tapent le départ, choisissent la meilleure balle, puis alternent.
  • Évolution plus ludique du foursome, très appréciée en club.
Chapman (ou Pinehurst)
  • Départs croisés, échange des balles au 2ᵉ coup, puis choix et alternance.
  • Créé dans les années 1950 par Dick Chapman, golfeur amateur américain.
Scramble
  • Tous les joueurs tapent, on choisit la meilleure balle à chaque coup.
  • Format moderne, conçu pour la convivialité et les événements caritatifs.
Texas Scramble
  • Variante du Scramble avec obligation d’utiliser un certain nombre de départs par joueur.
  • Développé pour équilibrer les équipes et limiter les abus.
Shamble
  • Définition : Départ en Scramble, puis chacun joue sa balle jusqu’au trou.
  • Historique : Format hybride récent, très populaire en compétitions amicales.
Formats de départ
Shotgun
  • Tous les groupes partent en même temps depuis des trous différents.
  • Introduit au XXᵉ siècle pour gérer de grands champs de joueurs rapidement.
Départ classique (1 & 10)
  • Départs échelonnés depuis le trou 1 et parfois le 10.
  • Format traditionnel des compétitions officielles.
Formats spéciaux
Skins Game
  • Chaque trou vaut une mise ; si égalité, la mise est reportée.
  • Popularisé aux États-Unis dans les années 1980, notamment à la télévision.
Eclectic
  • On conserve le meilleur score réalisé sur chaque trou sur plusieurs tours.
  • Créé pour encourager la régularité sur la durée et pour faire disputer davantage de compétitions.
Speed Golf
  • Objectif, jouer le plus vite possible.
  • Format très moderne, lié aux enjeux de rythme de jeu.

En résumé, le golf possède une richesse unique de formats parce qu’il est ancien (et rempli de traditions multiples), technique, social et adaptable. Si l’on ajoute aussi à tous ces formats des tees de départ différents, c’est l’un des rares sports où l’on peut affronter un joueur professionnel en étant un joueur du dimanche ou mettre au défi un adversaire du sexe opposé tout en conservant une part d’amusement et d’incertitude… pour les deux.
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